Agnès Jullian Technilum lampadaires aluminium

Agnès Jullian propulse Technilum à l’international

Éclairage d’ambiance, routier, fonctionnel : depuis 1971, Technilum conçoit et fabrique des mâts, lampadaires, candélabres, bornes et colonnes lumineuses ou appliques murales pour l’éclairage extérieur. Avec trois valeurs phares, qui font écho à celles de Profils Systèmes : l’innovation, la créativité et le design. Sans oublier, bien sûr, l’aluminium. « La technicité de l’aluminium permet d’assembler les produits sans soudure disgracieuse, souvent au travers de concepts brevetés », précise l’entreprise dans un document de présentation. Les avantages environnementaux de l’aluminium par rapport à l’acier sont mis en avant : moindres besoins en eau, plus faibles émissions de CO2 pour la fabrication, potentiel de recyclage à l’infini. Les profils de mâts de Technilum sont d’ailleurs composés à 50 % d’aluminium recyclé et 100 % des déchets aluminium sont recyclés.

Technilum s’est implanté en 1999 à Lézigno, à l’ouest de Béziers (Hérault), dans un ancien chai viticole réhabilité. Le site impressionne par son cachet, à la fois authentique et moderne. Agnès Jullian, la PDG, y vit avec son compagnon. « C’est ma signature », glisse-elle. La partie production a été agrandie en 2017, pour un investissement de 10 millions d’euros (un an de chiffre d’affaires), ce qui ancre Technilum dans le Made in France. La PME de 50 salariés a décroché le label « Entreprise du patrimoine vivant » en 2016, et adhère au mouvement French Fab. « Je suis engagée pour redorer le blason de l’industrie française, déclare cette chef d’entreprise, qui siège au conseil d’administration de l’UIMM Méditerranée Ouest. Nous ne sommes pas si mauvais en France, mais il faut le faire savoir. »

Le parcours d’Agnès Jullian commence par une décision brutale, suite à un accident de la vie. A 24 ans, alors qu’elle est étudiante à Paris Dauphine, son père, fondateur de Technilum et unique actionnaire, décède. L’entreprise flirte avec le dépôt de bilan, après la crise économique de 1993. Agnès Jullian change tout revient à Béziers, pour reprendre le flambeau de l’entreprise, créée en 1971. Les débuts sont difficiles, dans une industrie languedocienne peu habituée aux femmes, et surtout à de si jeunes patrons. « Plutôt que de décerner des Women Awards à des femmes dirigeantes, on ferait mieux de récompenser des chefs d’entreprise de moins de trente ans !, ironise-t-elle. Quand on est plus jeune, c’est d’autant plus dur de gagner la confiance des partenaires financiers, fournisseurs ou clients. »

Sitôt aux manettes de Technilum, elle met d’ailleurs en place une ruse pour se présenter lors des rendez-vous. « Ma carte de visite mentionnait simplement mon nom et mon prénom, sans fonction. Si on me demandait mon titre, je répondais que j’étais commerciale. Si j’avais dévoilé ma fonction de PDG, mes interlocuteurs, souvent de grosses collectivités cherchant à implanter des centaines de lampadaires, auraient pris peur !, confie-t-elle à Signature. D’entrée, j’ai senti qu’il ne fallait pas dévoiler mon rôle. »

En 25 ans, Technilum s’est imposé comme la haute couture de l’éclairage urbain, adepte uniquement de l’aluminium, « ce qui nous distingue de nos concurrents », déclare Agnès Jullian. Une gamme prêt-à-poser est également commercialisée. Attirée depuis toujours par l’architecture et l’aménagement urbain, elle avoue un faible pour Bordeaux. « Si je devais déménager, ce serait là-bas. Les choix d’urbanisme, et notamment la reconstruction de la ville sur elle-même, ont été très judicieux. Jusqu’à changer le comportement des Bordelais. Auparavant assez fermés d’esprit, ils se sont ouverts et ont réinvesti le centre-ville, par la force du projet urbain. » A l’étranger, son coup de cœur se porte sur Lisbonne.

Politique et voyages

Le feu tribun politique socialiste Georges Frêche, ex-maire de Montpellier et ex-président de la Région Languedoc-Roussillon, l’a nommée en 2010 vice-présidente déléguée au tourisme. Avec, entre de multiples autres actions, une interpellation mémorable de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, en 2011, à propos de l’état de délabrement du Canal du Midi, dont le constructeur, Pierre-Paul Riquet, était biterrois.

Elle occupera cette fonction d’élue régionale de 2010 à 2014, avant de se présenter sur la liste LR dans sa ville, Béziers, lors des municipales de 2014. Un combat perdu face à Robert Ménard (apparenté RN). Après six ans d’un dur combat comme conseillère municipale d’opposition et conseillère communautaire à Béziers Méditerranée, Agnès Jullian ne se représentera pas en 2020. Sans fermer pour autant la porte à la vie politique, dont elle a acquis les codes. « La politique m’a appris le goût de la guerre, sourit-elle. Trop peu de gens issus de la vie économique s’investissent en politique. Le sens du mot politique a été dévoyé. Il est teinté aujourd’hui d’une connotation péjorative, alors que son étymologie est noble. »

Cette femme aussi discrète que déterminée est passionnée de vin – « surtout les vignerons de la région » – et de tauromachie – la Goyesque d’Arles, en septembre, qui mêle le toreo, les beaux-arts, le chant lyrique et la musique, ou encore les arènes de Malagueta, à Malaga, en Espagne . Elle demeure « très attachée à son territoire, si multiple, avec son Mont Caroux ressemblant au fin fond du Texas, ou Collioure et ses airs de Chili ». Avec, en même temps, un perpétuel besoin d’évasion et de se réinventer perpétuellement, à travers des voyages et des formations pointues, comme le Chede (cycle des hautes études pour le développement économique), l’Ihédate (développement des territoires) ou l’IHEDM (développement des métropoles). « Je ne peux pas rester plus de deux semaines consécutives à Béziers. Après, je tourne comme dans une cage ! J’ai besoin de voir d’autres choses, d’avoir d’autres ouvertures. Mon plus grand bonheur consiste à aller voir des clients, des projets, des réalisations, de partir à l’étranger, que ce soit New York, Montréal, ou ailleurs. Si on ne sort pas de son quotidien, on ne perçoit plus ce qui nous entoure. »

Heureuses coïncidences, un rendez-vous incontournable

Chaque année, lors du 2ème vendredi du mois de juin, Technilum organise, au centre d’art de Lézigno, le colloque « Heureuses Coïncidences », autour de l’architecture, du paysage et de la ville. Thème choisi en 2019 : les constructions flottantes, avec des intervenants de haut vol – élus, paysagistes, architectes… « J’aime bien la façon dont les pays du Nord de l’Europe ont abordé les constructions flottantes », confie Agnès Jullian.
200 personnes se déplacent chaque année à ce rendez-vous, intitulé « HC » et couplé à des visites guidées sur l’architecture, comme La Grande-Motte ou Montpellier lors des récentes éditions.

La plupart des participants viennent de Paris, Lyon ou Bordeaux. « Le mécénat est une approche essentielle pour nous, ajoute-t-elle. Nous ne nous limitons pas à des vendeurs d’éclairage ou de mât au kilomètre. Nous sommes aussi apporteurs de solutions. Ce type de colloque dessine les équipements futurs et permet de nous positionner différemment. Les grosses structures de maîtrise d’œuvre connaissent davantage les événements de Lézigno, y compris la fête qui s’ensuit, que nos propres produits ! Mais quand nous les sollicitons ensuite, c’est plus facile. » L’organisation génère « du stress et des nuits blanches, mais j’aime tellement ces échanges, le jour J… Cela nourrit mon quotidien ».

Accès internet, diffusion d’information, gestion de l’éclairage, sécurité : Technilum intègre dans son offre une gamme de services connectés pour les projets de villes intelligentes.

Des références internationales

Hudson Yards et Liberty Park (New York), abords du stade de football de Tottenham (Londres), Royal Golf (Marrakech), Canning Town (Londres), place du Flon (Lausanne), Canada Place (Vancouver), musée des Beaux-Arts de Montréal (Canada), place Taksim à Istanbul, Porte de Jaffa à Jérusalem… En France, Technilum a « éclairé » récemment Les Halles (Pau, modèle Creille), Bruguière (modèle Mikado), Les Sablettes (Menton, modèle Ceramic) ou encore le quartier Euratlantique (Bordeaux, modèle Custom).

Repères
Technilum
Photos : Kévin Dolmaire, Grégoire Edouard, Hugo Da Costa, Catarina Heeckt, Agence on, AJJN Photography