Hotel de ville d'istres avec mur rideau aluminium

Découverte du nouvel Hôtel de Ville d’Istres (Bouches-du-Rhône)

Ce que dit le nouvel Hôtel de Ville

Istres (Bouches-du-Rhône) doit beaucoup à l’eau : étang de l’Olivier, canal de Craponne, irrigation, port sur l’étang de Berre… Alors que la vie istréenne tourne autour de l’eau, elle lui tourne paradoxalement le dos. La nouvelle cité administrative, inaugurée le 14 décembre 2013, réconcilie la ville avec ses éléments. Etablie au pied du Castellan, l’orientation est-ouest assure une liaison visuelle entre la ville et l’étang. Impression prolongée majestueusement par la vaste esplanade Bernardin Laugier, rythmée par des colonnes de Buren.

D’une surface de 6 000 m2 utiles, le nouvel Hôtel de Ville déploie cinq étages – public, archives et police municipale, deux niveaux dédiés au personnel administratif, élus. On n’est pas dans un immeuble de bureaux classique. « Tous les niveaux tournent autour de l’atrium, précise Michel Vallière, architecte lauréat du concours. La lumière zénithale arrive par une façade vitrée située au dernier niveau, et vient éclairer le coeur du bâtiment. » But ultime de cette maison commune : « qu’elle porte l’image de la Ville, que ses administrés en soient fiers, et s’y sentent bien. »

Entre les premiers coups de crayon, et le jour de l’inauguration, trois ans et demi se sont écoulés. « La phase concours, étude, conception, validation administrative, passation des marchés et consultation des entreprises (deux ans), a pris plus de temps que le chantier proprement dit (18 mois) », souligne Nicolas Davini, directeur général des services de la Ville.

Jeux de lumière et de reflets

Pour laisser parler la beauté naturelle du site, le bâtiment a su se faire discret. Notamment par le biais de façades alu vitrées. Ce parti-pris architectural donne à l’édifice « une fluidité et une transparence », selon François Bernardini, maire (réélu en mars 2014). « Je ne voulais pas que la masse du bâtiment compte exagérément dans le site, détaille Michel Vallière. C’est la raison pour laquelle on a opté d’entrée de jeu pour un bâtiment très vitré, avec un verre qui puisse réagir à la lumière, suivant l’incidence du soleil, et qui se marie avec l’arrière-plan – une pinède, d’un vert très foncé toute l’année. » Les tons des menuiseries aluminium sont volontairement neutres. Les ossatures du mur-rideau sont, d’un côté, fines et blanches, pour se noyer dans l’aspect de verre opale et, de l’autre côté, gris anthracite, se confondant avec les reflets de la pinède.

Un bâtiment durable

Beau et durable à la fois. Outre l’aspect esthétique, le nouvel Hôtel de Ville répond à la démarche Bâtiments Durables Méditerranéens (BDM). « L’efficacité énergétique était un objectif très clair du cahier des charges, souligne Nicolas Davini. Et pas uniquement pour des raisons de communication, mais aussi d’économie ! » 60 % d’énergie est ainsi économisée par rapport à un bâtiment d’une volumétrie identique, et qui n’aurait pas ce label. En phase travaux, un spécialiste de l’environnement a balayé les techniques existantes, puis a suivi la conformité des travaux par rapport au label BDM.

Trois particularités environnementales sont à relever. Tout d’abord, un puits provençal, avec 2,5 km de galeries souterraines situées sous le parvis. Cet aménagement permet de repulser l’air frais dans le bâtiment, à l’aide d’hélices. Ensuite, trois forages utilisent l’eau de l’étang pour alimenter un système géothermique. Enfin, des panneaux solaires produisent l’eau chaude du bâtiment.

Un mur-rideau double peau

Le bâtiment est enveloppé d’un mur-rideau double peau Tanagra et Toundra, produits de Profils Systèmes – avec ventilation thermique. Les flux d’air circulant entre la double peau font tampon entre les températures extérieures et intérieures. Le système de climatisation joue de ces masses d’air, en fonction des besoins (ou pas) de fraîcheur supplémentaire dans les locaux. La partie chantier fut un réel défi. « On n’avait jamais fait de mur-rideau mesurant 100 m X 20 m, note Philippe Cambon, directeur général de Sam (fabricant-poseur, Istres). Nous avons monté un bureau d’étude pour ce chantier, en recrutant un dessinateur et une personne aux études. » A Christophe Avantin, directeur de projets, la délicate mission d’éviter toute surchauffe. « La montée en température à l’intérieur du vitrage respirant ne doit pas être supérieure à celle prévue. Nous avons donné des impératifs de température pour faire des ouvertures au niveau des lamelles, et être sûrs que le rideau respire. On ne voulait pas risquer la casse thermique à l’intérieur. » La typologie de matériaux a été « complexe à trouver, entre facteur thermique et zone d’ombre apportée par le reflet de la pinède ».

Une fois les difficultés vaincues, la satisfaction est là. Pour Profils Systèmes, le projet a fédéré en interne et généré des créations. « Dès leur mise en ligne sur l’Intranet de l’entreprise, les photos ont fait la fierté des équipes », souligne Christophe Derré, directeur du site de Baillargues. Du côté de Sam, le bureau d’étude travaille à présent sur d’autres marchés. Le nouvel Hôtel de Ville a prouvé à la PME locale, créée il y a 29 ans, qu’elle pouvait s’attaquer à des marchés supérieurs à 1 million d’euros (3,5 en l’occurrence) !

REPÈRES
Maîtrise d’œuvre: Atrium Architectes – Istres
Maîtrise d’ouvrage: SAN Ouest Provence (13)
Surface totale: 6125 m2 shon
Coût total: 20 M€
Fabricant installateur: SAM – Istres
Menuiseries Profils Systèmes: Mur rideau Tanagra® double peau & Toundra®
Gamme de couleurs: Gris antique Terra Cigala®

Photos: Richard Sprang, Atrium Architectes, Profils Systèmes