Carnet de voyage à Cuba, la bodeguita del medio

Carnet de voyage à Cuba : les cubains… vraie richesse du pays !

Il existe plusieurs façons de voyager… Avec un Tour Operator qui se charge de tout, ou à l’opposé, sac au dos et pouce tourné vers le haut, nez au vent. Difficile, passé un certain âge, et surtout quand on est contingenté par des emplois du temps de cadre dynamique ou de chef d’entreprise, de choisir la seconde solution. Difficile aussi de rencontrer «des vrais gens », de dénicher des coins cachés quand on opte pour la première solution ! En route donc pour une immersion Cubaine, vigilants sur les pièges à touristes et autres passages obligés vite fait bien fait, avec le guide Cubain du Tour Operator….

La vieille Havane

Aussitôt arrivés, dîner à l’hôtel ………, fatigués et là, bonne surprise : excellent repas. Petite promenade sur la place vite fait, histoire de prendre l’air, et nuit réparatrice après le voyage.

Dès 7h00 le lendemain, le guide est là pour nous emmener en repérage. Du balcon de notre chambre, qui donne sur une petite rue puis plus loin sur une jolie place, nous observons le ballet coloré des « Cubanitos » qui vaquent de bonne heure à leurs affaires. Grande ballade à pieds dans La Havane. Explosion de couleurs, visages marqués, Chaque coin de rue est propice à croiser des personnages hauts en couleur.

Visite classique de La Havane : la parfumerie « Habana 1791 », fragrances inattendues de melon, chocolat, au milieu de dizaines d’autres, Ylang Ylang, jasmin, verveine, passion, et la possibilité de fabriquer notre propre parfum en choisissant nous même les essences et les proportions des mélanges. Nous optons pour un parfum 60% melon, 30% cédrat et un zeste de chocolat…Et un fleur d’oranger/chocolat. Amusant de voir comme ces odeurs peuvent se marier pour créer une sensation olfactive douce et si agréable. Puis marche jusqu’au fameux bar « La bodeguita del Medio », lui aussi incontournable et cher au cœur d’Hemingway. Si le lieu est effectivement typique, ce qui est vraiment plaisant c’est, dés le matin, l’orchestre live qui joue dans le bar. Musique Cubaine, mélange de rythme et de suavité. Je resterais là des heures, à regarder les musiciens et les écouter. Mais le guide presse : le programme est chargé…

Passage éclair imprévu dans un bâtiment de collectif d’artistes « Taller Experimental de Graphica » : là aussi, de vraies «gueules », au travail sur leurs créations, visite improvisée du train d’un ancien président Cubain, « le Wagon Presidencial Mambi » utilisé pour parcourir le pays lors de ses campagnes en vue des élections, dans les années 1900. On se croirait dans un vieux bateau, avec une ébénisterie magnifique en acajou, des accessoires en laiton, de vieilles porcelaines et des accessoires désuets.

A l’heure du déjeuner, nous allons au restaurant Café Taberna : L’enfer…Un orchestre là aussi, mais bruyant, beaucoup trop fort. Je sens le piège à touristes à plein nez. Coup d’oeil au menu …Ouch…Si ça c’est bon, je veux bien manger le chapeau du trompettiste en dessert. Nous partons donc le nez au vent, arrivons sur une grande place et là, sous des arcades, voyons un autre orchestre en terrasse d’un restaurant. Musique plus douce, carte alléchante au restaurant « El Patio ».

Après midi tour en «coco taxi », amusant, puis bien sûr en limousine américaine décapotable des années 50. L’occasion de continuer la visite de La Havane, bond en arrière dans le temps car tout s’y prête : véhicules, gens, bâtiments coloniaux, atmosphère surannée…un passage éclair dans le musée de la religion traditionnelle cubaine, « la Santeria », très décevant. Visite de la statue en bronze de John Lennon, assise sur un banc dans un petit parc : surprise ! Les Beatles à Cuba…Qui l’eu cru ? Autre surprise, le banc est occupé par un groupe de gens, que notre guide identifie immédiatement. Il nous demande de ne pas nous approcher et a l’air pour le moins inquiet. Gardes du corps…Qui est ce ? D’anciens chefs révolutionnaires des FARCS, officiellement de passage àCuba et qui ont une réputation sanglante. Nous attendons sagement à l’écart notre tour.

Las Terrazas & Vinales

Après La Havane, c’est le départ pour l’intérieur des terres. Visite d’un très joli parc, « Las Terrazas » touristique bien sûr, mais plein de charme, super orchestre Cubain -et oui, même là-, et halte dans un petit café où « La cafetal buena vista » une très vieille Cubaine fait toujours un café réputé dans toutes les Caraïbes et au delà. J’ai l’occasion de la surprendre derrière les barreaux de son balcon, figure burinée haute en couleur`.

Ensuite route pour la vallée de Vinales, autre lieu touristique aussi, avec un paysage karstique de pains de sucres qui sortent de terre, comme dans la baie d’Along au Vietnam ou à Guilin en Chine. Là aussi est cultivé le tabac pour les fameux Havanes. Passage dans une entreprise coopérative d’état qui conditionne le tabac en grosses balles, portrait du «Che »peint au mur, puis visite d’une petite ferme « La Finca Paraiso » « Chez Benito » qui cultive la plante et à l’autorisation de l’état Cubain d’en garder 10% pour faire ses propres cigares. Visages typiques, démonstration de fabrication à la main d’un Havane, partage de ces Havanes faits devant nous et que nous fumons avec le propriétaire autour d’un feu de camp qui sert à préparer un cochon tué pendant que nous étions là…Blagues en Espagnol, puis en Anglais, quelques mots de Russe, le propriétaire tient à nous montrer qu’il sait accueillir les touristes ! Rires, complicité, instant magique, simple, inattendu…

Je vous passe la visite d’une grotte, sans intérêt et où nous mangeons un brouet digne d’un autre temps

Découverte de l’hôtel…Ouch … là aussi…Mais pas le choix : nous sommes dans les terres, et Cuba reste un pays d’un autre temps à bien des égards, avec encore peu d’infrastructures hôtelière dans bien des endroits. Coup d’oeil au buffet…light. Nous partons à la recherche d’un autre lieu et trouvons sur la route une petite auberge privée « La Casa de Don Tomas ». Dîner avec le chauffeur, le guide, repas excellent, nous nous félicitons «de notre audace »…

Cayo Levisa

Dés le lendemain départ pour le bord de mer pour goûter aux charmes des plages Cubaines. Nous prenons un bateau, notre guide et notre chauffeurs restent à terre : il n’ont pas le droit de quitter la terre ferme. Sa licence de guide ne lui permet pas. Les exodes massifs de Cubains vers les côtes Américaines de Floride sur des embarcations de fortune laissent des traces : le gouvernement a peur que les guides en profitent pour organiser une fuite et partir.

Plein de détails comme celui-là nous surprennent : les bons de rationnement…le système de santé totalement gratuit pour tout le monde et d’un excellent niveau, les salaires mensuels de 20 à 30€, les logements gratuits, notre guide ancien professeur des écoles (40 €/mois) qui a choisi cette carrière et avoue gagner maintenant plus de 800€, notre chauffeur ex-ingénieur qui lui aussi gagnait 40€/mois et qui gagne de dix à quinze fois plus aujourd’hui… Somme d’anachronismes qui font de ce pays un des plus grands dépaysements qu’il soit donné de voir, pour peu que l’on cherche l’authenticité plutôt que les activités de club de vacances.

Petite traversée sur un vieux bateau vers le « Cayo Levisa ». Traversée de l’ilot à pied moins de dix minutes, et arrivée sur la plage…Hmmm…Là, on regrette d’emblée de ne pouvoir y passer que trois ou quatre heures ! Nous marchons 5 minutes, et nous retrouvons sur des hamacs à l’ombre d’une paillote, seuls au monde ou presque…Repas type cantine dans une gargote, simple, gentillesse des gens et après un bain trop court, retour vers la voiture qui nous attend sur la terre ferme pour rentrer vers La Havane.

Retour sur la Havane

Quelques visites à pied à nouveau, un pot dans le Musée du Rhum « Havana Club » – encore un groupe de musique à tomber…-, un parcours rapide du marché d’artisanat et d’art situé le long des quais. Des dizaines de peintres exposent leurs oeuvres, toutes les mêmes ou presque, parmi des étals de souvenirs de plus ou moins bon goût. En cherchant bien, nous trouvons quelques vrais bons tableaux, originaux, et pour quelques «pesos convertibles »ou quelques dollars…Une paire de pinces, l’artiste fait sauter les pointes de tapissier du cadre de bois, nous achetons un rouleau en carton pour rien, les toiles sont roulées et hop…Bientôt sur les murs d’une maison française !

Le lendemain, après 3 jours marathon, retour vers d’autres horizons : nous nous promettons de revenir, mais de revenir vraiment, et d’y passer au moins une quinzaine de jours. Cuba nous a ensorcelé, la gentillesse des Cubains, leur accueil, le décalage avec notre monde superficiel, leur authenticité…tout a rendu, pour nous, ce voyage assez exceptionnel. Certes, il faut accepter d’avoir des surprises, parfois déroutantes, mais cela reste un vrai grand bonheur de voyager ainsi hors du temps !

 

Photos : Christophe Derré