Famille Tarbouriech

Famille Tarbouriech : un rêve rural

Des travailleurs infatigables, une famille soudée. Voilà les deux clés de la réussite de la famille Tarbouriech, ancrés depuis trois générations au bord du bassin de Thau, à Frontignan et Mèze.

Leur société familiale du sud de la France, Médithau, s’affirme comme un fleuron des huîtres et des moules. La parole se libère assez facilement chez ces Sétois de souche. C’est les enfants qui la prennent en premier. « On a toujours travaillé en famille, explique Romain, 28 ans, fils de Florent Tarbouriech. Ce n’est pas rose tous les jours comme les huîtres (allusion à l’huître rose Seven, produite par Médithau), mais on se régale quand même. On se challenge, on se complète. »

À Romain la production et l’élevage, à Florie, sa soeur, 30 ans, le volet marketing et commercial. « Le travail en famille donne une force incroyable, car nous nous accordons une confiance aveugle. Cela permet de foncer tous ensemble, ajoute-t- elle. Et quelle fierté de développer l’activité créée en 1962 par nos grands-parents… »
« Dès qu’ils ont eu 12 ou 13 ans, ils sont venus sur les marchés et sur le site d’exploitation, précise Florent Tarbouriech, aux commandes depuis 1989, année du décès de son père. Ils sont rentrés dans l’entreprise à 18 ans. » Avec la valeur travail chevillée au corps.

Fière de son huître rose « Seven », la PME exporte un procédé d’élevage breveté. Médithau exploite des fermes ostréicoles en Espagne (delta de l’Ebre) et en Italie (Scardovari, à côté de Venise), pour « produire au plus près des lieux de consommation et créer de la richesse en local », indique Florent Tarbouriech.
La qualité de la production italienne le rend « presque jaloux».
Prochaine étape : une implantation au Japon, où « nous pensons avoir trouvé un producteur partenaire et la zone. Il s’adaptera aux spécificités nippones : huîtres consommées cuites et achetées en sachets, décoquillées ».

La moule, garante d’une alimentation durable

Dans l’Hérault, Médithau mise aussi sur l’expérience client, avec un restaurant emblématique, « Le St Barth », à Marseillan, mais aussi un bar à huîtres à Loupian et, à Frontignan, bientôt un nouvel espace, baptisé « L’Usine », dédié à la dégustation de moules, connecté au site de productions. « Il y aura 600 m2 de terrasse, avec vue sur la mer. Le projet mobilise un investissement de 600 000 euros et génèrera la création d’une dizaine d’emplois », confie Florent Tarbouriech.

Le credo du lieu ? « Manger en bord de mer, sur le port conchylicole de Frontignan, dans une logique de partage de nos lieux de travail et de tourisme industriel », détaille Florent Tarbouriech. Les visiteurs pourront voir comment les moules sont nettoyées, mises en paquet…
« Les gens aiment apprendre. Il y a une demande, notamment avec le développement des croisières à Sète. À Marseillan, nous ne pouvons pas accueillir de bus, à la fois par manque d’infrastructure et en termes d’image. Par contre, à Frontignan, les lieux sont tout à fait adaptés. »

Ce « mytiliculteur (éleveur de moules) industriel », comme il se définit, a une forte conviction sur ce produit. Il y voit un « produit d’alimentation durable, doté d’un bon bilan carbone (captation de CO2). Cette protéine marine se nourrit du plancton. » En matière de technique d’élevage, Médithau expérimente une technique, dite « de surface », utilisant de nouveaux supports d’élevage, pour utiliser « les milliers d’hectares disponibles en mer » et sortir des traditionnels parcs lagunaires.
Importée d’Italie, cette innovation doit permettre à Médithau de faire bondir, à l’horizon 2023, sa production annuelle de 100 à 1000 tonnes.

Diversification hôtelière pour la famille Tarbouriech

La famille Sétoise vient d’ouvrir, le Domaine Tarbouriech à Marseillan, à côté de l’exploitation ostréicole. 5 millions d’euros ont été investis dans ce vieux domaine viticole d’1,5 hectare. Acquis en 2012, la maison de maître « tenait à peine debout », sourit Florent Tarbouriech, affairé, lors de notre visite, à coordonner les différents corps d’état pour finaliser le chantier. Un projet ambitieux pour une PME familiale de 80 salariés.

L’architecte montpelliérain Thomas Rondany a magnifié cet ancien domaine, dans un esprit de « luxe rural, de bien-être, entre vignes et lagunes », dépeint Florie Tarbouriech. « Mon père est aussi beaucoup intervenu. Il adore l’architecture ! »
Sur 2 000 m2 de surface de plancher, la maison d’hôtes propose une quinzaine de chambres, dont neuf écolodges. Une salle de 100 m2 accueille des séminaires d’entreprise.

L’économie circulaire de la Famille Tarbouriech

Un spa de 400 m2 propose notamment la ligne de cosmétiques et de compléments alimentaires aux extraits d’huîtres Ostréalia, issue de la valorisation des déchets de moules et d’huîtres. « La commercialisation en pharmacie et parapharmacie sera assurée par le réseau de distribution du laboratoire monégasque Sofibio (compléments alimentaires et phytothérapie) », explique-t-elle.

Gamme cosmétique ou complément alimentaire : via une convention avec le CNRS et l’IBMM (Institut des Biomolécules Max Mousseron), des recherches portent sur l’exploitation du collagène, byssus (barbe d’huître) et autre aragonite, caractéristiques des fruits de mer.
« 95 % de nos déchets sont organiques ou calcaires, à fort potentiel. Allons vers l’économie circulaire ! », insiste Florie Tarbouriech.

Un restaurant de 60 couverts, conduit par le chef Nicolas Leseurre, a une visée semi-gastronomique. Le site historique de Marseillan, recentré sur l’ostréiculture, va être réaménagé (1 millions d’euros de travaux en trois ans) et, lui aussi, ouvert au public. « Marseillan est l’un des plus beaux ports conchylicoles de France, avec ses cabanes, ses couleurs, son côté unique au bout de la route », décrit Florent Tarbouriech. Comme une déclaration d’amour.

Rachat de Médi-Pêche

Avec le rachat, en 2015, des installations de Médi-Pêche à Frontignan, Médithau dispose d’un outil dédié à la production de moules.
Deux millions d’euros ont été investis dans l’extension de l’unité, qui est passée de 2 500 à 4 000 mètres carrés, et dans son équipement : machines à nettoyer, purifier, dégrapper, calibrer et ensacher ; bassins alimentés en eau de mer pour maintenir en vie les coquillages.

« La moule demande une logistique très précise. Sa production se rapproche de l’industrie, avec du volume et du bruit. Il fallait un site plus adapté que celui de Marseillan, datant de 1993 », relève Florent Tarbouriech.

Repères
Tarbouriech.fr
Chemin des Domaines Maison des pêcheurs 34340 Marseillan – FRANCE
ostreatherapie.com
domaine-tarbouriech.fr
lestbarth.com
Photos : Richard Sprang, Mario Sinistaj