Le Marché du Lez : le nouveau hot-spot créatif fait fureur à Montpellier

Niché le long du Lez, fleuve irrigant Montpellier, le Marché du Lez, ouvert en octobre 2016, regroupe commerces, brocanteurs, marchés de producteurs locaux, restaurants, start-up…

L’ensemble est aménagé dans d’anciens locaux industriels et agricoles (imprimerie, mas et entrepôts). Il y a du LX Factory (Lisbonne) ou du Camden Town (Londres) dans ce hot-spot, nouveau lieu branché de la capitale languedocienne, idéal pour chiner, se restaurer, s’adonner au yoga et où l’on peut croiser des street artists de renom – Goddog, Mr BMX, Koralie & Supakitch, Al Sticking, Romain Kew.

Le Marché du Lez

Fruit de la collaboration entre un promoteur atypique, Gaïa Promotion (Alexandre Teissier), l’association du Marché du Lez et le collectif MurMurs (architecture et décoration d’intérieur*), se démarque par son intensité artistique et sa gouaille impétueuse. Il s’insère dans une zone en devenir, le long de l’avenue Raymond Dugrand (du nom du père de l’urbanisme de la ville), avec plusieurs immeubles de logements et de bureaux en cours de construction, desservis par la 3ème ligne de tramway reliant le centre-ville et la mer, distante d’à peine 7 km.

Et ça marche ! « Il y avait une vraie attente d’une partie des Montpelliérains pour ce type d’endroit libre et évolutif, confie Camille Cattan, directrice artistique. Le premier afterwork, organisé le 1er décembre jusqu’à 23 heures, a attiré 3.000 personnes ! C’était pourtant un jeudi soir, et en plein hiver. »

Passée l’arche en pierre, qui marque l’entrée du lieu, on pénètre dans une cour intérieure, où des palettes savamment agencées font office de tables et de bancs. Un Solex et une 4L viennent refléter l’esprit résolument « arty-industriel » du site. Les façades ont été repeintes en kaki et noir. Une généreuse fresque murale représente un enfant rieur installé dans une voiturette ; une autre, un massif fleuri exotique.

Les brocanteurs font battre le cœur du Marché du Lez. L’espace de plus de 500 m2 rassemble une vingtaine de professionnels, venus de Montpellier, Marseille, L’Isle-sur-la-Sorgue, Lille ou Paris. Différents univers sont mis à l’honneur : mobilier design des années 40, 50 et 60, mobilier scandinave et industriel, affiches vintage (vieilles pubs d’Air France ou annonce du film « Cette sacrée gamine », avec Brigitte Bardot), glacier ambulant. « C’est un bazar organisé, s’amuse Camille Cattan, par ailleurs fondatrice des Dimanches du Peyrou, haut-lieu des antiquaires et brocanteurs, en centre-ville de Montpellier. Nous veillons à un turn-over, pour que les clients, très nombreux le week-end, ne se lassent pas. »

Juste à côté, trois restaurants se font face

La Baraquette, dont le nom fait référence aux petites habitations secondaires sétoises, mise sur les plats gourmands et les pâtisseries raffinées de Julien et Édith, mais aussi sur des événements gustatifs, artistiques et musicaux ; La Cachette, dont la terrasse donne sur le Lez, fait la part belle à la cuisine méditerranéenne et au feu de bois, dans une ambiance guinguette traditionnelle ; Lady Sushi, connu pour ses nigiris, makis, gunkans et autres sashimis japonais.
Il y a aussi le collectif Murmurs (évoqué ci-dessus), concepteur du lieu, ainsi que plusieurs start-up, parmi lesquelles Studio Caramia (conception et réalisation d’applicatifs numériques en mode Saas), Matahi (boisson énergisante à base de fruit de baobab) et World Family Bedycasa (location en ligne de chambres chez l’habitant). Autre activité originale, DJ Network, première école de DJ producteur en France, qui forme les futurs pros de la création musicale, de la diffusion sonore et du music business. La partie bien-être est portée par Yogivibe, qui propose un yoga méditatif mais aussi tonique. « Le yoga est réduit, en France, à une approche strictement méditative. À travers nos séances, les gens viennent aussi travailler leurs corps ! », souligne Cécile, qui a lâché sa vie de directrice de clientèle dans une agence de communication pour se lancer dans ce projet.

Alexandre Teissier puise une inspiration débordante de ses nombreux voyages, dont il veut faire profiter sa ville de cœur. Il sélectionne au final des projets « qui apportent de l’énergie et des idées décalées. Agnès B m’a proposé un pont d’or pour prendre une surface importante, mais j’ai décliné, bien qu’appréciant beaucoup cette enseigne : ce n’était pas l’esprit du lieu ». Camille Cattan réfute l’idée d’un concept dédié uniquement aux bobos. « Le Marché du Lez est ouvert à tous ! On peut venir en famille – le site est desservi par la piste cyclable partant de Montpellier et conduisant à la mer -, s’attabler et consommer son propre sandwich. »

Ce pôle économique naissant

Aves 60 emplois à son actif –, connecté à l’autoroute A9, exerce déjà une attractivité régionale, auprès de la jeunesse nîmoise, arlésienne ou sétoise. Le Marché du Lez jouit de la proximité du restaurant pop-up Terminal#1 des frères Pourcel (ex-Jardin des Sens) et des caves Notre-Dame (2.000 références). Le maire DVG, Philippe Saurel, s’y est rendu en mars pour une visite de travail avec Alexandre Teissier… et parler avenir. Le Marché du Lez prévoit en effet de s’étendre d’ici fin 2018, pour passer de 3.500 m2 aujourd’hui à 9.000 m2. Les premiers travaux ont permis aux street artists de s’en donner à cœur joie, en mai : la palissade a servi de support, pendant 10 jours, à un joyeux happening créatif. Quelque 120 oeuvres en contreplaqué medium ont ensuite été revendues sous forme de tombola, au terme d’un « good buzz ». Koralie & Supakitch ont veillé à la cohérence artistique de l’ensemble.

La Maison Pernoise (Pernes-les-Fontaines, dans le Vaucluse) va développer un concept store déco, avec des enseignements dispensés par des artisans et des producteurs. Des artisans viendront « de Fès, pour l’apprentissage des carreaux de ciment, ou d’Amsterdam, pour les fibres teintes avec de l’indigo », s’enthousiasme Alexandre Teissier. De nombreuses autres activités vont s’implanter : un coiffeur-barbier – Guillaume Fort -, des ateliers d’artistes (potiers, céramistes, créateurs de bijoux, tatoueurs…), un café riser ressuscitant de vieilles motos rétro et de vieux logos -, une épicerie bio, La Manufacture du Vélo (cycles customisés), la boutique Moana (vente et location de vélos, skates, paddle, trottinettes…, avec aménagement d’un skate-park). De vastes halles gourmandes devraient voir le jour fin 2018, sur 1.500 m2, en lieu et place de l’ancienne boîte de nuit Le Milk, détruite par un incendie. Dans l’esprit de Foodhallen à Amsterdam et du Mercado da Ribeira à Lisbonne, Alexandre Teissier veut y « amener les produits de la campagne à la ville, avec un côté authentique, une possibilité de consommer sur place, et des figures rigolotes, comme Petit Pierre de Béziers, Bebelle des halles de Narbonne ou Papy Moïse d’Aigues-Mortes ». L’utilisation de containers, en discussion avec la Ville, pourrait permettre la création d’un roof-up (toit-terrasse). Huit food trucks thématiques – sucrés, salés, glaces, burgers, grillades, vegan, Amérique du Sud… – doivent aussi s’installer. Une chose est sûre : parce que son créateur et ses locataires fourmillent d’idées, Le Marché du Lez n’a pas fini de faire parler de lui.

* NK Design Studios, GS Architectures, A Kutch Life, MS Studio, CGS, LN Architecture, C.Collot.

REPÈRES
Marché du lez
Photos : Richard Sprang