Un rendez-vous estival inédit, où se mêlent, face au Golfe de Gascogne, bikers pur jus, surfeurs, skaters et créatifs – photographes, cinéastes, directeurs artistiques, communicants, designers, producteurs – en quête d’inspirations nouvelles.
Chaque mois de juin depuis 2012, la ville de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) accueille le festival Wheels and Waves (« roues et vagues »), qui se définit lui-même comme un « bazar unique et poétique ouvert à tous », lieu « d’expressions bruyantes, surprenantes, dérangeantes » faisant la part belle « aux sens et aux arts ». La 8ème édition est programmée du 12 au 16 juin 2019.
« L’idée originale est de faire se croiser des univers qui ne dialoguent d’ordinaire jamais entre eux : skate, moto, musique… et surf, évidemment », confie Vincent Prat (55 ans), ex-prothésiste dentaire reconverti en organisateur d’événements, cofondateur du festival aux côtés de Julien Azé (42 ans) et Jérôme Allé (50 ans).
Faire croiser des univers qui ne dialoguent d’ordinaire jamais entre eux
Contrairement aux traditionnelles réunions de bikers, ou aux courses de motos comme le Bol d’Or, Wheels and Waves déroule une programmation éclectique, qui attire bon nombre d’étrangers. Seuls 49 % des festivaliers sont français, suivis par les Allemands (11 %), les Espagnols (10 %), les Italiens et les Britanniques (8 % chacun)…
Le Village, lieu de regroupement, est installé dans le jardin de la Cité de l’Océan, à Biarritz. « Ce n’est pas un salon de la moto », insiste Vincent Prat. Un look alternatif est créé, notamment avec l’utilisation de tentes militaires, préférées à des matériaux plastiques ou autres kakémonos.
Attendue par les amoureux de deux roues, la grande balade à moto se déroule le samedi, plutôt dans les Pyrénées espagnoles. « Là-bas, les deux roues motorisées ne sont pas rejetées comme en France, où l’on a tendance à faire culpabiliser l’aficionado de mécanique, sur fond de complexe écologique, s’agace Vincent Prat. C’est simple : en France, les gens se bouchent les oreilles au passage d’un groupe de motards ; en Espagne, ils applaudissent !
Pas encore inscrit par la cité biarrote dans ses événements culturels marquants, Wheels and Waves n’en remplit pas moins les bars et les restaurants de la ville pendant 5 jours, et a su se faire accepter par les riverains et la municipalité. Une vingtaine de groupes musicaux est programmée en journée et en soirée, pour satisfaire les goûts de différents publics.
« Biarritz est une ville au charme particulier, comme Sète. Les festivals y fonctionnent bien », souligne Vincent Prat. Ce dernier est également le community manager du festival, en animant les comptes Facebook et Instagram. « Wheels and Waves est très visuel. Tout est né par l’image et continuera par l’image. Nous aimons l’esthétique plus que la performance, et c’est la raison pour laquelle l’événement attire beaucoup de photographes. »
Pas de course aux followers et aux fans, cependant. « Nous avons 50.000 fans sur Facebook, et pourrions cartonner davantage. Mais je préfère publier ce que j’aime, pas forcément ce que voudraient voir les gens. Je brouille les cartes, pour cultiver l’esprit art de vivre, plutôt que taille de roue. Je veux montrer qu’il y a autre chose, dans la vie, que rouler à 250 km/h… »
Ce concept unique, né dans le Pays basque français, s’exporte : en octobre se déroule Wheels and Waves Cayucos, en Californie. Le nom de ce petit village de 2.500 âmes signifie « pirogue » en indien. Les trois associés regardent également vers le Japon, où un Wheels and Waves pourrait voir le jour.
Cultiver l’esprit art de vivre, plutôt que taille de roue
Wheels and Waves roule avec un budget de 400.000 euros, sans aucune subvention. L’événement annuel cible des CSP (catégories socio-professionnelles) +, vivant en ville. Les recettes proviennent de la billetterie : le festivalier s’acquitte d’un forfait d’environ 40 euros pour la totalité du festival – des tarifs journaliers existent également.
Les autres recettes proviennent de sponsors privés : BMW, Tudor, Harley Davidson, Jeans Edwin, Yamaha, Triumph… Wheels and Waves attire aussi bien hommes et femmes (59 %/41 %), jeunes et moins jeunes : 45 % des festivaliers ont entre 18 et 34 ans, 35 % entre 34 et 55 ans et 20 % plus de 55 ans.
Crédits Photos : Robbie Warden / Laurent Nivalle / Mihail Jershov / Robbie Warden