Drugeot Manufacture

Drugeot Manufacture, l’art du meuble en bois à la française

Drugeot Manufacture est l’un des derniers fabricants français de meubles en bois. Mixant avec bonheur le savoir-faire traditionnel et la modernité, ses collections ont conquis une nouvelle clientèle. La PME familiale, qui s’est transformée avec le temps, a été résiliente face à toutes les crises.

C’est peu dire que la famille Rochepeau connaît les métiers du bois. La famille d’entrepreneurs a su faire évoluer son savoir-faire au fil des générations, pour répondre aux nouvelles attentes. Elle est aujourd’hui à la tête de Drugeot Manufacture, un fabricant de meubles en bois haut de gamme, qui allie ce savoir-faire traditionnel français et un design contemporain.

Cette histoire entrepreneuriale prend racine en Anjou, région cidricole de bocages et de pommiers, au nord du Maine-et-Loire, entre Bretagne et Normandie.
« Mon arrière-grand-père était cerclier. Il fendait et cintrait les perches de châtaigniers, pour entourer les cercles des barriques de cidre, explique Pierre Rochepeau, actuel directeur de la production et du design. À l’époque, l’eau des puits n’était pas recommandée. Pour s’hydrater, il était préférable de boire du cidre ! ».

 

Drugeot ManufactureC’est ensuite, en 1969, que Jean-Louis Rochepeau a créé un atelier de fabrication de meubles et d’objets en bois massif, La Boutique du Drugeot (du nom du ruisseau Drugeot, coulant à proximité). Ses deux fils, Matthieu et Pierre, ont repris le flambeau en 2000 et sont toujours aux manettes. Le premier, aujourd’hui âgé de 52 ans, gère les parties commerciale et financière, et le second (51 ans) les parties production, achats et design…

Les meubles sont d’emblée référencés chez Fleux, adresse parisienne dans le Marais qui fait office de leader d’opinion dans le domaine du design. Témoin de cette nouvelle clientèle, férue de design : l’exposition de créations, pendant 3 ans, au Printemps et au Bon Marché.

« Nous sommes positionnés sur une niche. En quatre générations, nous sommes passés du cerclage au design », s’amuse Pierre Rochepeau. Le dirigeant est entouré d’une équipe de designers externes, un directeur artistique assurant la cohérence de la gamme. « On nous envoie beaucoup de projets, de France mais aussi d’Italie ou du Japon. Les échanges avec les designers sont intéressants : ils ont un œil avisé sur les influences et les tendances. » Chaque designer retenu (environ 3 ou 4 par an) vient visiter l’atelier, pour nouer un lien avec l’équipe, sentir l’esprit de la manufacture et prendre connaissance de la chaîne de production. L’éditeur-fabricant de meubles crée deux nouvelles collections annuelles, en septembre et janvier.

Drugeot Manufacture : du cerclage au design

C’est ensuite, en 1969, que Jean-Louis Rochepeau a créé un atelier de fabrication de meubles et d’objets en bois massif, La Boutique du Drugeot (du nom du ruisseau Drugeot, coulant à proximité). Ses deux fils, Matthieu et Pierre, ont repris le flambeau en 2000 et sont toujours aux manettes. Le premier, aujourd’hui âgé de 52 ans, gère les parties commerciale et financière, et le second (51 ans) les parties production, achats et design…

« L’original doit être pratique, le beau doit être utile »

Chez Drugeot Manufacture, le bois est acheté localement

Le chêne constitue 90 % des collections. « C’est un bois noble, l’essence la plus chère après le noyer. Quand elle est traitée comme nous le faisons, le chêne dégage un aspect qualitatif et contemporain, que l’on ne retrouve pas avec le frêne ou le hêtre. Et nous échappons, pour l’instant tout au moins, aux difficultés d’approvisionnements… ».

La fabrication française séduit les clients. « Le bois est acheté localement, et toutes les chutes sont recyclées, pour chauffer l’atelier l’hiver. Les copeaux sont récupérés par un fermier qui s’en sert comme litière pour ses canards », précise Pierre Rochepeau. Politique de développement durable, excellence artisanale, design haut de gamme, fabrication en France et développement des ventes sur Internet (site marchand lancé en 2019), quasi exclusivement en France : voici les secrets des bons chiffres que Drugeot Manufacture engrange depuis un an.

« L’ameublement a bien fonctionné pendant les périodes de confinement. Nous espérons que la tendance va se prolonger ! » La manufacture comprend actuellement deux sites, distincts de 5 km : l’un dédié à l’usinage et à l’assemblage, l’autre pour l’administratif et la finition. L’objectif est de les regrouper sur le site de Segré, d’ici à 2024, moyennant un investissement d’environ 350.000€.

La réindustrialisation de la France, promue depuis la crise du Covid-19 ? « Il est grand temps de s’en préoccuper. C’est une bonne démarche, qui aurait pu être menée avant pour soutenir des secteurs comme le nôtre, car des pans entiers de savoir-faire disparaissent. Regardez l’industrie de la chaussure : des enseignes se montent à nouveau, mais peinent à trouver des couturières», observe l’entrepreneur.

Des savoir-faire traditionnels au service du design

Assemblages à tenons et mortaises, à queues d’aronde, à rainures et languettes… Les métiers de Drugeot Manufacture regorgent de termes techniques. Les 12 salariés ne travaillent que le bois massif, avec une partie manuelle importante, comme le ponçage. « Nous sommes bien sûr équipés en machines à commande numérique.

Notre activité se situe à cheval entre l’artisanat et la petite industrie », relate Pierre Rochepeau. Les compétences liées à l’ébénisterie sont pointues. Après une phase de débit du bois, vient la phase du corroyage (rabotage du bois sur les 4 faces), puis les opérations d’usinage : perçage sur des perceuses multibroche, toupillages pour réaliser des moulures et languettes, tenonneuse (pour la fabrication des tenons) et mortaiseuse à chaîne (outil-machine permettant de réaliser des mortaises dans le bois), ponçage et assemblage des pièces, phase de vernis, teinte et laque, puis emballage avant expédition.

Un vrai savoir-faire qui attire des jeunes (« on doit refuser des candidatures ») ou des personnes en reconversion professionnelle – des anciens ingénieurs passant un CAP ébénisterie pour exercer un métier manuel, un ancien boulanger, un ancien commercial d’une maison d’édition…

Repères
Drugeot.com
Photos : © Germain Herriau & Drugeot Manufacture