Utopik Planche de surf en aluminium recyclé

Utopik … la saga des surfs en aluminium 100% recyclables

Composés d’aluminium recyclé et de bois, les surfs d’Utopik, réalisés en partenariat avec l’industriel Halcyon, sont recyclables à 100 %, indéfiniment. La technologie, brevetée à l’international, devrait entrer en phase de production.

Frédéric Clermont … passionné

Utopik, les surfs en alu recycléDesigner industriel passionné de sports nautiques et ancien de Magic Surf (un réseau de magasins de « jouets flottants », glisse l’intéressé dans un sourire), Frédéric Clermont 42 ans a lancé en novembre 2017 l’idée de surfs en aluminium recyclables à 100%, indéfiniment.

Son projet, joliment baptisé Utopik, présente une rupture par rapport au marché existant. « Le concept consiste à utiliser les filières de recyclage actuelles, pour créer des surfs performants et durables, en ‘sandwich aluminium’. Nous n’utilisons donc aucun pain de mousse en polystyrène (PSE) ou en polyuréthane (PU), ni aucun fibre de verre (composite non recyclable) », explique-t-il. De l’aluminium déjà recyclé est transformé en surf.

Une fois le surf aluminium en fin de vie, au bout de 15 ou 20 ans, il sera placé dans une recyclerie, pour être à nouveau retransformé. L’opération de recyclage de l’aluminium ne consomme que 5 % de l’énergie initialement nécessaire à sa production. De plus, « les filières de tri et de recyclage de l’aluminium sont avérées et répandues dans le monde entier ». Une démarche autrement plus respectueuse que les pratiques actuelles, où le matériel cassé est mis à la benne.

C’est une vraie rupture, car les surfs actuels ne peuvent pas être recyclés : les pains de mousse PSE ou PU, une fois stratifiés, sont souillés par la résine. Actuellement, seuls l’incinération ou l’enfouissement sont envisageables.

« Utopik s’inscrit en revanche dans une boucle fermée. Les contraintes environnementales sont telles qu’il est temps de réagir, d’où ce nouveau produit sur le marché, souligne Frédéric Clermont.
Nous visons un impact environnemental le plus faible possible, avec un objectif de zéro déchet non valorisé.» L’impact n’est pas neutre : 100.000 surfs par an sont soit enfouis soit incinérés, chaque année en Europe.

Utopik, une technologie de composite aluminium breveté à l’international

L’alliance du bois et de l’aluminium pour créer un produit d’exception :  le pourtour des surfs d’Utopik, « made in Breizh » (fabriquées en Bretagne), est constitué de bois, produit en Bretagne et en Espagne. Pour réduire encore davantage l’empreinte carbone, l’espèce d’arbre sélectionnée « a une croissance rapide, non invasive, avec le plus fort taux d’absorption de dioxyde de carbone parmi les espèces arborescentes (86 kilos par arbre par an) », indique Frédéric Clermont, inspiré par le calme puissant de Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), où il vit.

Après plusieurs mois de R&D, Utopik a réussi, en janvier 2019, à créer sa planche de surf en sandwich aluminium. Une première mondiale, testée avec réussite en conditions réelles, à côté de Brest, puis présentée au salon du composite à Paris.

Le sous-traitant aéronautique Halcyon usine par partie aluminium. La structure est composée de nid d’abeille usiné, doté de formes complexes à doubles courbures. Esthétique et léger (4,5 kilos), le surf d’Utopik présente de bonnes propriétés de flottaison. La technologie de composite aluminium de forme complexe a été brevetée à l’international par Halcyon, Utopik ayant l’exclusivité de ce brevet dans le domaine des sports de glisse.

Une campagne de crowdfunding (pour 4.000 euros), sur la plateforme Ekosea, a complété le tour de table financier, déjà alimenté par des prêts, des subventions, des investisseurs privés et un apport personnel.
L’objectif d’Utopik est de commercialiser une gamme de surfs recyclables en aluminium, à travers une société en cours de création.

Une série limitée d’une quarantaine de planches doit être fabriquée en 2020 à Rennes, pour monter progressivement à une centaine de planches par an. « Nous souhaitons protéger la technologie à d’autres marques de surf, et aussi à des marques tierces, pas forcément liées au surf, et qui aimeraient créer un surf à leur nom », confie Frédéric Clermont. Lequel bénéficie d’un business angel de premier choix : Gwenaël Picaut, qui n’est autre que le fondateur d’Halcyon !

Diversification vers le paddle, ke kite et le windsurf

Dans cette aventure mêlant sport, passion de la glisse, industrie et environnement, Frédéric Clermont est aussi accompagné par Marc Mogère, qui dessine les shapes (formes de la planche), Gwen pour la production, Ronan pour les vidéos, Arnaud et Fabrice qui l’appuient sur la marque etc.
L’équipe ne compte pas s’arrêter là.

Le process industriel pourrait être transposé à moyen terme au paddle, au kitesurf et au windsurf. Objectif : s’imposer comme une référence en matière de produits innovants et recyclables, privilégiant l’éco-conception, les matériaux écologiques et/ou recyclés, les circuits cours et l’économie circulaire.

« Le surf est un sport en pleine expansion depuis de nombreuses années, avec de plus en plus de pratiquants et un passage en sport olympique à Tokyo en 2021.
Sur ce sujet des planches de surf écologiques, on a bien l’intention d’être leaders ! » Pas si utopique.

Un designer passionné de glisse

Depuis 20 ans, Frédéric Clermont est designer industriel, créateur de son agence (www.desind.fr). Celle-ci, toujours en activité, travaille pour des grands groupes (Engie, PSA, Biocoop…), des porteurs de projets, des hôpitaux ou des clusters locaux, comme les Articulteurs, en Bretagne.

En parallèle, il s’adonne à sa passion de la glisse et de l’océan, en pratiquant bien sûr, mais aussi en revendant, au début des années 2000, du matériel (combinaisons , surf, windsurf, kitesurf…), dans un surf shop rennais. « Pendant plus de deux ans, j’ai essayé, vendu, réparé », se souvient-il. Il a travaillé ensuite chez Louisiane, premier fabricant français de mobil homes. « Il y a 15 ans, ils intégraient déjà les impacts environnementaux et de recyclabilité », note-t-il.

A travers desind.fr, il s’attache à marier approche esthétique et innovation. Infatigable inventeur, il participe dès 2004 au concours Lépine. Son invention, un jukebox multimédia à destination des cabinets médicaux et des médiathèques, se classe 4e. En Bretagne, son fief, il choisit de rénover une vieille grange. « C’était aussi un moyen de mettre en application mes idées sur la réhabilitation écologique, avec des enduits à la chaux et une phytoépuration, système d’assainissement individuel basé sur les plantes permettant une filtration de l’eau sans utiliser des produits synthétiques ou polluants. »

Le déclic pour Utopik ? Un voyage de surf en Irlande, en novembre 2017, avec des amis. « Les vagues étaient grosses, près de deux mètres. Je me suis dit : ‘on risque de casser du matériel, et celui-ci ne pourra pas être recyclé’.»

REPÈRES
Utopik, Frédéric Clermont